Perspectives de la thérapie cellulaire et génique pour les patients greffés : le point de vue du Pr Olivier Thaunat, néphrologue spécialisé en immunologie des greffes à l’hôpital Edouard Herriot

Les patients qui ont bénéficié d’une transplantation d’organe doivent prendre des traitements immunosuppresseurs à vie, afin de ralentir le processus de destruction de l’organe greffé (considéré comme « étranger » par leur système immunitaire). Ce phénomène, appelé « rejet », limite la durée de vie du greffon et le patient devra alors attendre un nouvel organe disponible pour pouvoir bénéficier d’une nouvelle greffe. En outre, les traitements immunosuppresseurs agissant de manière non spécifique, ils sont à l’origine de graves complications infectieuses qui menacent la survie du patient.

La thérapie génique ouvre des pistes porteuses d’espoirs en matière d’approches thérapeutiques innovantes, à la fois pour lutter contre le rejet et pour améliorer la protection vaccinale des transplantés.

Demain, une nouvelle approche pour prévenir le rejet ?

Les chercheurs proposent de modifier génétiquement le greffon avant sa transplantation au patient receveur, afin de lui transférer les propriétés de certaines bactéries qui ont la capacité de résister aux anticorps. Rendre le greffon indifférent aux attaques du système immunitaire du patient receveur permettrait de se dispenser du traitement immunosuppresseur et donc de supprimer les complications infectieuses et cancéreuses. En outre, ces greffons résistants au rejet survivraient plus longtemps, permettant de réduire la problématique de la pénurie d’organes (en France en 2022, près de 1000 patients sont décédés faute d’un greffon disponible).

Le projet VINCI offre donc un véritable espoir pour tous les patients en attente d’une greffe d’organe.

Demain, une meilleure réponse aux vaccins ?

La pandémie de Covid a mis en évidence la fracture entre la population générale et les patients greffés. Non seulement les transplantés décèdent 20 fois plus en cas d’infection par le virus, mais ils sont aussi plus difficiles à protéger par la vaccination à cause du traitement immunosuppresseur. Dans le cadre du projet VINCI, les chercheurs modifieront génétiquement les lymphocytes des patients pour qu’ils puissent les protéger efficacement contre les infections, malgré les immunosuppresseurs, et sans risque de rejet du greffon.

Le projet VINCI permettrait ainsi de réduire sensiblement la perte de chances des patients greffés face aux maladies infectieuses.

Pr Olivier Thaunat, néphrologue spécialisé en immunologie des greffes à l’hôpital Edouard Herriot – HCL

 

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