Perspectives de la thérapie cellulaire et génique dans les maladies infectieuses : le point de vue du Pr Florence Ader, infectiologue

Les approches de thérapie cellulaire et génique s’avèrent extrêmement prometteuses pour les infectiologues, qui pourraient s’affranchir de 3 problématiques rencontrées avec les traitements conventionnels par antibiotiques et anti-infectieux :

Le contrôle :
On a découvert, ces 40 dernières années, l’importance du système immunitaire dans le contrôle des infections et des cancers. Les mécanismes qui régulent le système immunitaire, sont les garants de l’équilibre entre « défense contre les agressions » et « tolérance envers notre propre organisme », et c’est bien cet équilibre qui permet notre survie. Or les antibiotiques et les anti-infectieux viennent perturber cet équilibre, et la perte d’équilibre génère la perte de contrôle.

– La résistance :
Le potentiel et l’efficacité des antibiotiques et des anti-infectieux diminue au fil du temps, et il devient urgent de trouver des approches soit alternatives, soit complémentaires. En effet, selon l’OMS, dans 30 ans, il y aura plus de décès dus à la résistance aux antibiotiques qu’au cancer.

– La mémoire :
Les médicaments antibiotiques et anti-infectieux détruisent les bactéries, mais ne laissent pas de trace dans la mémoire du système immunitaire (imprégnation mémorielle). Face à une nouvelle infection, il faut alors recourir une nouvelle fois aux antibiotiques car le système immunitaire n’a pas appris à reconnaître le pathogène et à se mobiliser pour le combattre.

Une véritable révolution se profile avec les approches de thérapie cellulaire et génique

« Pour nous, infectiologues, ce sont les immunothérapies actives à base de thérapie cellulaire (soit transgénique, soit non transgénique) qui vont faire bouger les lignes », explique le Pr Florence Ader. « On sait aujourd’hui que si le système immunitaire est stimulé, si son niveau d’activité est optimal, on pourrait obtenir une immunité intrinsèque suffisante pour contrôler ou guérir un certain nombre d’infections. Il ne s’agirait alors plus d’utiliser des médicaments pour tuer les pathogènes, mais de procurer au patient le niveau immunitaire qui lui permette de contrôler ou guérir ces infections. Et ça, c’est une avancée absolument majeure !

Le paradigme de « l’anti-tout » (anti-biotique, anti-infectieux) va probablement céder la place au paradigme de l’agonisme. En immunologie, cela signifie encourager, stimuler le processus pour aider le système immunitaire à remplir son rôle de contrôle des infections. Peu importe alors qu’une bactérie soit sensible ou résistante, le système immunitaire va la cibler et la détruire. C’est une découverte majeure parce que ces approches en thérapie cellulaire vont permettre de s’affranchir de la problématique de la résistance aux antibiotiques. Par ailleurs, avec l’immunothérapie active, on génère une réponse antiinfectieuse, mais aussi une imprégnation mémorielle, autrement dit, de la mémoire. Un système immunitaire stimulé travaille contre les agents infectieux et fabrique de la mémoire, parce que c’est sa fonction de garder la mémoire de ce qu’il a déjà rencontré, de ce qui lui a posé problème, et de pouvoir à nouveau se mobiliser en cas de nouvelle attaque.

Ce qui se profile avec le projet VINCI, c’est une véritable révolution, comme ont pu l’être par le passé les découvertes de Pasteur… »

Pr Florence Ader, infectiologue pneumologue à l’Hôpital de la Croix-Rousse – HCL

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