Colette doit sa guérison à des virus mangeurs de bactéries

 

Sur le point de perdre sa jambe après des années de lutte contre le cancer, Colette doit sa guérison à… des virus, mangeurs de bactéries.

Depuis trois ans, Colette peut enfin reprendre sereinement le cours de sa vie, après des années et des années de lutte contre un cancer agressif et persistant à la jambe. Son sauveur ? Un traitement novateur, la phagothérapie, autrement dit des virus mangeurs de bactéries. Aujourd’hui, Colette a 87 ans. Mais ses ennuis de santé ont commencé il y a bien longtemps, alors qu’elle n’avait que 42 ans. En 1979, une grosseur apparaît sur la cuisse de cette randonneuse chevronnée, et le diagnostic tombe : c’est un cancer. Elle est opérée et la zone est traitée par radiothérapie. Celle-ci occasionne une fracture de la jambe, qui nécessite la mise en place de matériel orthopédique.

Les années passent et Colette vit presque normalement jusqu’en 2012, quand une nouvelle infection apparait et la fait souffrir de nouveau. Malgré une succession de multiples chirurgies et antibiothérapies prolongées, l’infection perdure. Des staphylocoques dorés sont alors retrouvés dans un abcès osseux : plus aucun traitement n’est efficace et Colette risque de perdre sa jambe. C’est grâce à un documentaire que Colette découvre la phagothérapie en 2020. Fatiguée de tous ces traitements épuisants, elle est résolue à quitter le pays pour tenter d’autres traitements à l’étranger. « Je m’étais dit que ces virus mangeurs de bactéries pouvaient m’aider ! »

Pourtant, Colette se fera bien soigner en France, à Lyon : la même année, son infectiologue l’adresse au service des maladies infectieuses et tropicales de l’Hôpital de la Croix-Rousse-HCL. Elle y rencontre le Pr Ferry, qui mène des travaux de recherche sur les bactériophages, dans le cadre desquels il administre à certains de ses patients un traitement par phagothérapie, « à titre compassionnel », sous la supervision de l’agence Française du Médicament. Le 2 juillet 2020, elle reçoit de nouveaux des antibiotiques, mais cette fois-ci avec une injection de bactériophages – ces virus tueurs de bactéries – dans l’abcès. Cette date marque le début d’une nouvelle vie pour Colette, qui, libérée de la douleur, a pu conserver l’usage de sa jambe.

« Depuis deux ans maintenant, je n’ai pas eu de récidive ! déclare-t-elle, et je peux continuer à faire des randonnées. »

Injecter des virus pour infecter la bactérie qui vous ronge et vous soigner, cela peut sembler incroyable. Pourtant, les résultats obtenus par le Pr Ferry sont très encourageants : à ce jour, près de 70 patients ont été traités aux HCL dont plus de la moitié au cours des deux dernières années.

Et c’est grâce aux donateurs que la Fondation HCL a pu accompagner la partie clinique du projet PHAGEinLYON. « Sans le soutien de la Fondation, nous n’aurions jamais pu franchir cette première étape. » indique Tristan Ferry L’enjeu est de taille : en effet, l’OMS alerte sur le fait que dans 30 ans, il y aura plus de décès dus à la résistance aux antibiotiques qu’au cancer. Les médecins-chercheurs des HCL souhaitent pouvoir proposer cette alternative aux malades, de plus en plus nombreux, qui souffrent d’infections liées à des bactéries multi-résistantes, contre lesquelles plus aucun antibiotique n’est actif…

 

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