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Accueil » IRM 7 Tesla et maladies neurodégénératives – Maladie d’Alzheimer
Les explication du Dr Antoine Garnier-Crussard, gériatre à l’Institut du vieillissement des HCL, responsable médical du Centre de Recherche Clinique – Vieillissement Cerveau Fragilité
« Il y a souvent des pathologies ou colésions cérébrales chez les patients atteints de la maladie d’Alzheimer (MA), c’est-à-dire d’autres lésions pathologiques que celles de la maladie d’Alzheimer. Ce sont par exemple de petites lésions micro-vasculaires dans le cortex cérébral, la partie superficielle du cerveau qui contient la substance grise ; on les appelle des micro-infarctus corticaux. On ne les repère quasiment pas avec des séquences IRM à 1,5 ou 3 Tesla, donc aujourd’hui, on les voit uniquement à l’examen anatomo-pathologique du cerveau (post mortem). Or on pense que ces lésions jouent un rôle très important dans la cognition (plus on en a, moins notre mémoire est bonne), et que les malades d’Alzheimer en ont parfois un grand nombre.
Si on parvient à mieux les quantifier, du vivant des patients, on arrivera probablement à mieux comprendre l’origine des troubles cognitifs : le cerveau du patient présente-t-il, en plus des lésions d’Alzheimer, des lésions micro-vasculaires ? Est-ce que les unes entraînent les autres, ou s’agit-il de deux phénomènes indépendants, mais qui, additionnés, augmentent des troubles cognitifs ?
En tant que clinicien, quand je vois un patient dont la maladie s’aggrave, ce serait fondamental de savoir, par exemple, qu’il a « X » micro-infarctus dans le lobe frontal, et que peut-être une partie de ses symptômes peuvent être expliqués par ces lésions.
En termes de traitements, la découverte de ces lésions pourra influencer la mise en place d’une prévention cardio-vasculaire.
Et en théorie, si les nouveaux traitements qui ciblent les lésions d’Alzheimer arrivent en France, on pourrait les proposer aux patients dont on sait que leurs symptômes sont secondaires à la pathologie Alzheimer, parce qu’on pourra en attendre une réelle amélioration. A contrario, si l’IRM montre un nombre très élevé de micro-infarctus dans certaines régions du cerveau, on pourra s’interroger sur la pertinence de mettre en place ces traitements lourds qui n’agiront peut-être pas sur les lésions responsables des symptômes.
De même, on pourrait peut-être également expliquer certains symptômes neuro-psychiatriques (tendances délirantes, fausses croyances, irritabilité, etc.) qui apparaissent chez certains malades, sans qu’on sache aujourd’hui leur trouver une origine anatomique bien précise. Il y a peut-être un champ de découvertes dans ce domaine… peut-être que ces symptômes pourraient trouver une part de leur origine dans ce type de lésions vasculaires. »