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Le 29 novembre 2021
  • Projet "Recherche & innovation"

Projet PHAGEinLYON - Contre la résistance aux antibiotiques : des virus mangeurs de bactéries...

Photo (C) Romain Falabregue AFP

>> Découvrez le reportage de BFM Lyon sur le projet PHAGEInLYON

>> Les Prs Frédéric LAURENT et Tristan FERRY donnent des nouvelles du projet 

 

CONTEXTE

Dans 30 ans, selon l’OMS, il y aura plus de décès dus à la résistance aux antibiotiques qu’au cancer. De plus en plus de patients présentent des infections liées à des bactéries multi-résistantes ; pour certains, plus aucun antibiotique n’est actif… Au CHU de Lyon, une équipe spécialisée dans la prise en charge des infections ostéo-articulaires complexes a fait ce constat alarmant sur des infections d’implants (prothèses de genou, de hanche) ; même en l’absence d’antibiorésistance, ces infections particulièrement difficiles à contrôler peuvent devenir chroniques, avec de très graves répercussions sur la qualité de vie : invalidité partielle ou totale, perte d’autonomie, voire amputation du membre atteint ou décès des suites d’une septicémie.

Cette problématique se retrouvant dans des infections de toute nature, l’équipe lyonnaise s’est fixé comme objectif de répondre à ce qui tend à devenir une question majeure de santé publique. Elle propose donc une alternative aux antibiotiques : LA PHAGOTHÉRAPIE. Cette thérapie repose sur l’utilisation de virus prédateurs naturels des bactéries, les bactériophages (ou phages), pour détruire les bactéries et éradiquer ainsi les infections bactériennes.

OBJECTIFS DU PROJET

1 – Exploiter la capacité naturelle des virus bactériophages à détruire des bactéries pour apporter une solution innovante de traitement aux patients en échec thérapeutique.

2 – Initier la production de phages thérapeutiques ciblant les bactéries les plus fréquemment impliquées dans les infections résistantes aux antibiotiques

3 – Mener des essais cliniques visant à optimiser l’utilisation et l’efficacité des phages afin de contrôler, voire d’éradiquer ces infections, et in fine améliorer la qualité de vie, voire les chances de survie des patients.

4 – Créer à terme, à Lyon, un Etablissement Français du Phage – sur le modèle des Etablissements Français du Sang – capable de fournir l’ensemble des hôpitaux français en bactériophages pour traiter les patients en impasse thérapeutique.

PLAN D’ACTION

Pour atteindre les objectifs du projet PHAGEinLYON, il s’agit, au cours des 3 prochaines années :
• D’isoler des phages actifs sur les espèces bactériennes les plus fréquentes et constituer une ”phagobanque” comportant au moins 100 phages ;
• De développer des outils innovants permettant de déterminer les caractéristiques de ces phages et de tester leur activité sur les souches cliniques de bactéries identifiées sur des patients infectés : phagogramme, microscopie électronique, séquençage de génomes phagiques ;
• De produire des premiers lots de phages thérapeutiques dans des conditions optimales, selon un processus sécurisé répondant aux exigences des autorités de santé (GMP – Good Manufacturing Product) : purification et préparation sous forme de médicaments utilisables chez l’Homme pour traiter des patients en échec thérapeutique.
• D’implémenter des essais cliniques qui permettront de valider la place et l’impact de la phagothérapie dans l’arsenal thérapeutique chez les patients infectés, en premier lieu dans les infections de prothèses articulaires, avant d’envisager une extension à l’ensemble des infections complexes.

 



Porteur(s) du projet

Pr Frédéric LAURENT, Micro-biologiste, Hôpital de la Croix-Rousse - HCL et Pr Tristan FERRY, infectiologue, Hôpital de la Croix-Rousse - HCL

Témoignage

” Les phages sont des virus présents en grande quantité dans le milieu naturel (des milliards par litre d’eau) et qui s’attaquent exclusivement aux bactéries. Chaque espèce de phage s’attaque à une seule espèce de bactérie, ce qui en fait une arme très ciblée, contrairement aux antibiotiques qui attaquent aussi les bactéries utiles à l’homme (ex. flore digestive). Pour cela, le phage s’arrime à la surface de la bactérie dont il est le prédateur, injecte son ADN dans la bactérie ; il va alors détourner la machinerie bactérienne à son profit pour produire des milliers de copies de virus qui, pour être libérés, vont littéralement faire exploser la bactérie et ainsi la détruire définitivement, et ce, en une demi-heure.”
Pr Frédéric LAURENT, Micro-biologiste, Hôpital de la Croix-Rousse

 

” Notre équipe a pu traiter par phagothérapie 30 patients qui présentaient des infections de prothèse ou des infections graves à bactéries multi-résistantes. Nous étions dans une impasse thérapeutique, avec des patients dont le pronostic vital était engagé. L’Agence Nationale de Sécurité du Médicament nous a donc autorisés à traiter ces patients par phagothérapie « à titre compassionnel », et donc tout-à-fait exceptionnel. Parce que nous avons obtenu des résultats très encourageants, nous devons sortir de l’exception ! Nous souhaitons donc démontrer la pertinence et surtout l’efficacité de la phagothérapie, pour que ce traitement fasse partie intégrante des solutions thérapeutiques disponibles pour les patients, et ce pour tout type d’infection résistante.  ”
Pr Tristan FERRY, infectiologue, Hôpital de la Croix-Rousse

Coût du projet

850 000 € sur 2 ans