Projets

Le 29 novembre 2021
  • Projet "Recherche & innovation"

Projet PHAGEinLYON Clinic - Contre la résistance aux antibiotiques : des virus mangeurs de bactéries...

Photo (C) Romain Falabregue AFP

 

CONTEXTE

Dans 30 ans, selon l’OMS, il y aura plus de décès dus à la résistance aux antibiotiques qu’au cancer. De plus en plus de patients présentent des infections liées à des bactéries multi-résistantes ; pour certains, plus aucun antibiotique n’est actif… Au CHU de Lyon, une équipe spécialisée dans la prise en charge des infections ostéo-articulaires complexes a fait ce constat alarmant sur des infections d’implants (prothèses de genou, de hanche) ; même en l’absence d’antibiorésistance, ces infections particulièrement difficiles à contrôler peuvent devenir chroniques, avec de très graves répercussions sur la qualité de vie : invalidité partielle ou totale, perte d’autonomie, voire amputation du membre atteint ou décès des suites d’une septicémie.

Cette problématique se retrouvant dans des infections de toute nature, l’équipe lyonnaise s’est fixé comme objectif de répondre à ce qui tend à devenir une question majeure de santé publique. Elle propose donc une alternative aux antibiotiques : LA PHAGOTHÉRAPIE. Cette thérapie repose sur l’utilisation de virus prédateurs naturels des bactéries, les bactériophages (ou phages), pour détruire les bactéries et éradiquer ainsi les infections bactériennes.

Les phages sont des virus présents en grande quantité dans le milieu naturel (des milliards par litre d’eau) et qui s’attaquent exclusivement aux bactéries. Chaque espèce de phage s’attaque à une seule espèce de bactérie, ce qui en fait une arme très ciblée, contrairement aux antibiotiques qui attaquent aussi les bactéries utiles à l’homme (ex. flore digestive). Pour cela, le phage s’arrime à la surface de la bactérie dont il est le prédateur, injecte son ADN dans la bactérie ; il va alors détourner la machinerie bactérienne à son profit pour produire des milliers de copies de virus qui, pour être libérés, vont littéralement faire exploser la bactérie et ainsi la détruire définitivement, et ce, en une demi-heure.



Porteur(s) du projet

Pr Tristan FERRY, infectiologue, Hôpital de la Croix-Rousse - HCL

Témoignage

” Notre équipe a pu traiter par phagothérapie 62 patients qui présentaient des infections de prothèse ou des infections graves à bactéries multi-résistantes. Nous étions dans une impasse thérapeutique, avec des patients dont le pronostic vital était engagé. L’Agence Nationale de Sécurité du Médicament nous a donc autorisés à traiter ces patients par phagothérapie « à titre compassionnel », et donc tout-à-fait exceptionnel. Parce que nous avons obtenu des résultats très encourageants, nous devons sortir de l’exception ! Nous souhaitons donc démontrer la pertinence et surtout l’efficacité de la phagothérapie, pour que ce traitement fasse partie intégrante des solutions thérapeutiques disponibles pour les patients, et ce pour tout type d’infection résistante.  ”
Pr Tristan FERRY, infectiologue, Hôpital de la Croix-Rousse