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Le 27 février 2024
  • Projet "Recherche & innovation"

Perturbateurs endocriniens : préserver les plus petits pour une vie en meilleure santé – Projet « Jeune Chercheur » FLOCON

Perturbateurs endocriniens : préserver les plus petits pour une vie en meilleure santé Projet « Jeune Chercheur » Flocon

Perturbateurs endocriniens : préserver les plus petits pour une vie en meilleure santé – Projet « Jeune Chercheur » FLOCON

Nous sommes tous exposés aux perturbateurs endocriniens. Ces composés chimiques, présents dans de nombreux objets et produits de la vie courante (produits ménagers, cosmétiques, alimentaires…) ainsi que dans notre environnement (eaux, sols, air…), dérèglent notre fonctionnement hormonal causant ainsi des effets néfastes sur notre santé. Certains de ces effets sont déjà bien démontrés (puberté précoce, dysfonctions de la thyroïde, implication dans le diabète et l’obésité), d’autres paraissent probables, tels l’asthme ou les maladies inflammatoires… Certains perturbateurs endocriniens ont même la capacité d’influencer nos gènes, en entraînant des modifications de l’ADN susceptibles de se transmettre de génération en génération (ex. infertilité).

Chacun de nous est concerné mais, comme l’explique le Dr Aurélie Portefaix, pédiatre à l’Hôpital Femme Mère Enfant, « les expositions sont encore plus à risque à certains moments de la vie, en particulier la période fœtale et la petite enfance jusqu’à l’âge de 5 ans ».

Convaincue que les pédiatres ont un rôle majeur à jouer dans la prévention de l’exposition aux perturbateurs endocriniens, le Dr Portefaix souhaite mener un projet visant à étudier « l’impact d’une formation parentale aux perturbateurs endocriniens sur les biomarqueurs urinaires d’exposition » : l’étude FLOCON.

Former les parents pour limiter l’exposition aux perturbateurs endocriniens

La participation à cette étude sera proposée aux parents d’enfants nés à l’Hôpital Femme Mère Enfant-HCL, qui seront alors suivis pendant les 4 premiers mois de vie de leur nouveau-né. « L‘originalité du projet Flocon, c’est que ce n’est pas une étude d’observation passive comme il en existe déjà, mais une étude interventionnelle ; c’est-à-dire qu’on va proposer aux parents un parcours pédagogique (avec des entretiens individuels, des questionnaires, des temps d’information, etc.) qui leur permettra de mettre en place des mesures concrètes et faciles à appliquer pour limiter l’exposition à un certain type de perturbateurs endocriniens : les phtalates, présents dans certaines matières plastiques tels que les jouets, les revêtements de sol, les stylos que les enfants mâchonnent…».

Le projet Flocon présente également un autre intérêt : si les valeurs de biomarqueurs chez les enfants de plus de 6 ans, les femmes enceintes et les adultes sont disponibles, celles chez les nouveau-nés et les nourrissons sont très peu nombreuses. L’étude permettra de recueillir des données à partir de dosages urinaires, qui pourront ainsi contribuer à d’autres projets de recherche.

Projet Flocon - Entretien sur les perturbateurs endocriniensConcrètement, les participants à l’étude seront répartis en 2 groupes, par tirage au sort : les parents du premier groupe bénéficieront de la formation dès la naissance de leur enfant ; le deuxième groupe, quant à lui, sera formé à partir des 4 mois du nourrisson.

Des recueils d’urines seront effectués chez les nouveau-nés des 2 groupes en vue d’un dosage des métabolites des phtalates, ce qui permettra de comparer les résultats dans les 2 groupes. Parallèlement, des corrélations seront recherchées entre différents aspects de l’exposition aux phtalates (alimentation, contact, cosmétique) et les dosages urinaires.

Cette étude permettra de déterminer l’impact des recommandations faites aux parents et des mesures prises pour limiter l’exposition aux phtalates chez les tout-petits. Si les résultats sont probants, ils pourraient permettre d’intégrer une sensibilisation systématique des parents aux perturbateurs endocriniens, dès la naissance de leur nouveau-né.



Porteur(s) du projet

Dr Aurélie Portefaix, pédiatre à l’Hôpital Femme Mère Enfant-HCL

Témoignage

« En tant que médecins, nous avons bien évidemment une approche curative de la médecine. Mais je suis convaincue que nous avons un grand rôle à jouer, notamment nous, pédiatres, en matière de médecine préventive.

Pour l’instant, en raison des caractéristiques spécifiques des perturbateurs endocriniens, on ne sait pas encore vraiment donner des seuils à ne pas dépasser. Les biologistes y travaillent et nous aurons des réponses à l’avenir. Mais quelles que soient ces réponses, on sait déjà aujourd’hui qu’ils présentent une toxicité. C’est une préoccupation majeure de santé publique, or la population manque d’informations claires ; elle reçoit parfois des informations contradictoires. Il me paraît nécessaire d’adopter sans attendre des mesures de protection et de prévention.

J’ai envie que l’on puisse donner des clés aux parents pour que les personnes, d’abord enfants, puis ensuite adultes, fassent le mieux possible avec l’environnement qui est le leur.

En tant que pédiatres, nous soignons aujourd’hui les adultes de demain, et nous devons leur donnons les bons outils pour qu’ils vivent le mieux possible. Si on fait attention aux nouveau-nés et aux nourrissons, on fait attention à notre futur à tous. »