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Le 25 février 2024
  • Projet "Recherche & innovation"

Réseaux sociaux et santé mentale : comprendre les motivations, identifier les usages à risque – Projet « Jeune Chercheur » PURPLE

Projet Purple - Addiction réseaux sociaux

Réseaux sociaux et santé mentale : comprendre les motivations, identifier les usages à risque – Projet « Jeune Chercheur » PURPLE

Facebook, Instagram, TikTok, LinkedIn… les réseaux sociaux (RS) font désormais partie de nos vies. S’ils peuvent avoir une véritable utilité, nous sentons bien qu’ils peuvent aussi être préjudiciables à notre santé mentale, générer du stress ou de l’anxiété, impacter notre sommeil… et parfois même, nous faire perdre le contrôle.

Peut-on alors parler d’addiction aux réseaux sociaux ? A partir de quand une prise en charge médicale s’impose-t-elle ?

Le Dr Julia de Ternay, psychiatre-addictologue à l’Hôpital Edouard Herriot, explique :
« Aujourd’hui, on ne sait pas dire si les réseaux sociaux sont bénéfiques ou délétères, dans quelle mesure ils peuvent devenir une addiction, ni même si on doit qualifier d’addiction l’utilisation des RS. Si on ne peut pas répondre à ces questions, c’est aussi parce qu’on y a recours pour des raisons variées : il n’y a pas un unique type d’usage des RS mais plusieurs. Pourtant, les études existantes portent essentiellement sur le temps passé devant les écrans, sans s’attacher à l’utilisation qui est faite des RS… Peut-être que certains usages sont davantage associés à un comportement addictif, ou à un impact négatif sur la santé mentale… A ce jour, ces questions n’ont pas été tranchées au plan scientifique. »

projet Jeune Chercheur Purple

Dans sa pratique quotidienne, l’addictologue est régulièrement interrogée, tant par les usagers des RS eux-mêmes que par leur entourage familial, qui s’inquiètent de la « consommation » des réseaux sociaux. Afin de pouvoir leur apporter une réponse satisfaisante, elle souhaite mener l’étude Purple : « Prévalence de l’Usage problématique des Réseaux sociaux en Population généraLE. »

Partant du postulat que les RS ont probablement un impact plus ou moins important sur la santé mentale en fonction des différents types d‘usages que l’on en fait, le Dr de Ternay souhaite analyser les motivations des différentes catégories d’usagers à utiliser les réseaux sociaux, et étudier leurs répercussions sur la santé mentale, en recherchant d’éventuelles corrélations avec des symptômes dépressifs ou anxieux notamment, ou avec des comportements addictifs.

Concrètement, elle souhaite diffuser un questionnaire anonyme portant sur l’usage des RS, pendant 3 mois, via une annonce sur Facebook, Youtube, Instagram, TikTok, Snapchat et X (anciennement Twitter). Les réponses seraient analysées par une équipe composée de chercheurs en épidémiologie et de biostatisticiens.

Sur le plan scientifique, les résultats de l’enquête devraient permettre :

– d’établir la part de la population française concernée par un usage problématique des RS et d’acquérir une meilleure compréhension des profils présentant un usage problématique ;

– de définir des facteurs de risque et des niveaux de sévérité du trouble (en particulier au regard des liens avec la santé mentale et le bien-être), et de contribuer à l’élaboration de critères diagnostiques de l’addiction aux RS pour les niveaux de sévérité d’usage problématique les plus élevés ;

– d’établir l‘importance des mesures de santé publique à apporter à cette problématique : définition de recommandations et stratégies comportementales, élaboration d’actions de prévention ciblées visant à un usage des RS préservant le bien-être ; ces recommandations « d’hygiène du numérique » pourraient être utilisées par les professionnels œuvrant dans le champ des addictions, de la pédiatrie et pédopsychiatrie, les professionnels des milieux éducatifs et scolaires, mais également les parents, enfants, et tout usager des RS ;

– de construire des interventions ciblées et des prises en charge spécifiques pour les personnes souffrant d’un usage problématique des RS.



Porteur(s) du projet

Dr Julia de Ternay, psychiatre-addictologue au Centre d’addictologie de l’hôpital Edouard Herriot - HCL

Témoignage

« Officiellement, pour l’instant, l’usage problématique des réseaux sociaux n’est pas reconnu comme une addiction comportementale par l’OMS, donc il n’existe pas de critères nous permettant de considérer qu’on est face à une addiction. C’est dommageable, car les protocoles de soins dépendent des addictions qui sont officiellement reconnues, et lorsque des personnes viennent en consultation en disant ‘’je pense que j’ai un problème avec les réseaux sociaux et j’aimerais être accompagné pour en sortir’’, nous n’avons pas d’outils diagnostiques clairs.

Nous devons pouvoir faire la distinction entre ce qui relève de l’usage « normal » (tout le monde n’est pas addict !) et ce qui marque un comportement pathologique ou à risque de le devenir.

En définissant mieux les critères de l’addiction aux RS, nous serons capables de dépister les usagers qui relèvent d’une prise en charge médicale et de leur proposer des soins adaptés. C’est véritablement un enjeu important de santé publique. »